L’Echo, Stéphane Renard, 14/02/2014

« Ne pas faire peur … et créer le désir »

Directeur musical de l’Orchestre royal de chambre de Wallonie, Frank Braley, a concocté une saison 2017 fidèle à sa passion pour l’école buissonnière. Classique mais pas trop.

Sa nomination à la tête de l’Orchestre royal de chambre de Wallonie avait fait plaisir – l’homme est sympathique -, mais aussi un peu surpris – un pianiste soliste n’est pas forcément un directeur musicaL Ce n’en était pas moins le bon choix. En trois ans, Frank Braley, successeur d’Augustin Dumay à l’ORCW, a largement imprimé sa marque. Mieux: il a insufflé un style qui, tout en respectant le répertoire traditionnel d’un orchestre chambriste, l’a mené sur un parcours de traverse en cassant bien des codes. L’an passé, souvenez-vous, on croisa Braley dans le métro bruxellois – avec son piano – mais l’on vit aussi l’orchestre en tournée avec le groupe rock « Machiavel ».

« Pour la première fois de son histoire, l’orchestre va enfin connaître une vraie saison dans sa ville de résidence! »

Cette année 2017 ne déroge pas à la règle, avec une série de rendez-vous moins clas­ siques que l’on pourrait s’y attendre. Mais, surtout, « pour la première fois de son histoire, se réjouit Frank Braley, l’orchestre va enfin connaître une vraie saison dans sa ville de rési­ dence !« . Basé à Mons, l’ORCW a en effet toujours dû occuper des espaces qui ne lui étaient pas vraiment dédiés. L’orchestre devrait enfin cesser de jouer au coucou. Sauf exceptions, il posera en effet ses partitions pour une douzaine de spectacles à Arsonic (« le Manège »), une vraie bonne nouvelle pour un orchestre de chambre. Arsonic, c’est en effet l’ancienne caserne des pompiers, dans le bas de la rue de Nimy, reconvertie par la grâce de Mons 2015 en une « Maison de l’écoute ». L’acoustique de la grande salle y est remarquable.

Côté programmation, Frank Braley, qui reconnaît avoir « toujours aimé les collaborations variées », a mitonné une série de rendez­ vous riches en sonorités et en expériences, tout en ayant l’intelligence de garder le cap sans rien céder aux fausses avant-gardes. « Mon ambition? Surprendre, mais ne pas faire peur … et créer le désir ». Le prochain concert en est la parfaite illustration. Invité, le prestigieux quatuor Modigliani« des amis », sourit-il – interprétera en première partie le quatuor 21 de Mozart et la Sérénade n°2 de Fuchs avant d’être rejoint, en seconde partie, par l’ORCW pour la version orchestrale du Quatuor n° 95 de Beethoven (23 février).

Rencontre et complémentarité seront également au cœur de la très attendue soirée « Contrastes ». Elle offrira la première belge d’une œuvre concertante pour accordéon, violoncelle et orchestre à cordes ( !), composée par Richard Galliano pour Henri Demar­quette et lui-même. Avec bien sûr Galliano, Demarquette et Braley à la manœuvre (30 mars, mais au Théâtre de Mons ).

Parmi les autres invités prestigieux, on croisera également en cours de saison le pia­niste français Jean-Philippe Collard, merveilleux mozartien, et l’altiste Gérard Caussé, aussi brillant dans Telemannn que dans Keith Jarrett, Cette déferlante d’artistes hexagonaux laissera malgré tout une place aux petits Belges de grand talent. Jean-François Chamberlan, violon conducteur de l’orchestre, a eu carte blanche pour belgifier le menu, ce qui nous vaudra notamment le plaisir d’entendre le flûtiste Marc Grauwels et l’accordéoniste Christophe Delporte.
« Je suis de nature curieuse, conclut Braley. Le fait de défendre la musique de chambre n’empêche pas de faire l’école buissonnière. Je crois que c’est l’une des manières de séduire une partie du public qui, souvent par timidité, croit que le classique n’est pas pour lui… »

Programme complet sur www.orcw.be.


 

 

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