L’orchestre, épreuve de vérité pour les candidats du Concours Reine Elisabeth

Au fur et à mesure des étapes, les violonistes sont accompagnés d’un orchestre. Rencontre avec Jean-Jacques Kantorow, le chef d’orchestre qui a accompagné les demi-finalistes.

Il accompagne les candidats de manière à la fois chaleureuse et douce, comme s’il s’effaçait pour les laisser briller totalement. Lors des demi-finales du Concours Reine Elisabeth, Jean-Jacques Kantorow dirigeait l’Orchestre Royal de Chambre de Wallonie dans les Concertos de Mozart, parmi lesquels les violonistes en lice devaient faire un choix. Un travail crucial, qui implique d’être entouré de musiciens solides et capables de s’adapter très rapidement. « Le r61e de l’orchestre dans ce genre d’épreuve, c’est de mettre les candidats au défi », explique Kantorow, lui-même violoniste émérite. « Ça montre aussi aux membres du jury les candidats qui sont déjà armés pour faire carrière car dans une salle, avec un orchestre quel qu’il soit, il faut jouer plus que ce qui est écrit sur une partition. Il faut savoir rajouter une nuance pour la spécificité de la salle et du concerto (…)

A l’appui et à l’impulsion
Le travail avec l’orchestre est en fait assez complexe (…) « C’est un travail extrêmement difficile, dans le sens où il y a un nombre limité d’œuvres. Il y a très peu de temps de répétition – beaucoup moins que lorsqu’on se trouve dans la configuration concert, où en plus il n’y a qu’une seule version de l’œuvre. Et il ne faut pas seulement un orchestre qui joue bien. Il doit aussi être capable de suivre à la lettre, à la (micro-)seconde le candidat qui est en train de jouer. En fait, ce n’est pas simplement accompagner. A partir du moment où on accompagne, on est derrière, on est démotivé. Mais l’orchestre se doit d’être inspirant pour le candidat. Le candidat va définir son idée, son concept de l’œuvre, c’est-à-dire son tempo, ses idées musicales, ses prises de risque, mais après, l’orchestre se doit, avec 1es éléments dont il est en possession après la répétition, de l’inspirer pour lui donner la carrure, l’assise et la confiance dont il a besoin pour jouer. C’est là aussi que les membres du jury peuvent juger. Car ils vont juger du candidat qui est capable d’écouter l’orchestre, de faire de la musique de chambre, c’est-à-dire de s’inspirer de ce que fait l’orchestre pour être lui-même motivé.  » Inspirer le candidat, mais aussi… le soutenir et limiter la casse dans le cas où il commettrait une erreur. »

Le Soir +, Gaëlle Moury, 16/05/2019

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