Rencontre entre l’Orient & l’Occident
Anouar Brahem

L’oudiste et compositeur tunisien Anouar Brahem est inclassable. Jazz, folk ou musique du monde, aucune dénomination ne semble cerner l’étendue de son style. Une fois de plus, Brahem nous le confirme au travers d’un nouveau projet combinant un quartette – oud, piano, clarinette et basse – et un ensemble de cordes. Il en est né un album, Souvenance (ECM, 2014), au titre nostalgique idoine à l’ambiance mystérieuse et envoûtante de ses morceaux. Un ambitieux double album qui sonne comme la somptueuse synthèse esthétique de 15 années d’expérimentation en quête d’un authentique “terrain d’entente” entre Orient et Occident.

À Bruxelles, dans le cadre de la 150ème saison de concerts de Bozar Music qui a pour thème « 150 years of urban vibes in Brussels », le musicien a présenté ce dernier opus, entouré de son quartette et, pour l’occasion, de l’Orchestre royal de Chambre de Wallonie sous la direction de Frank Braley.

Avec :
Orchestre Royal de Chambre de Wallonie
 – Frank Braley direction
Anouar Brahem, oud
François Couturier, piano
Klaus Gesing, clarinette basse, saxophone soprano
Björn Meyer, basse électrique


Brahem-Anouar

Anouar Brahem
Depuis une vingtaine d’années et avec neuf albums aussi novateurs qu’intemporels, Anouar Brahem s’impose comme l’un des musiciens les plus atypiques et talentueux du prestigieux label ECM.
Il faut dire qu’en authentique  » maître enchanteur  » de l’oud, ce luth traditionnel oriental millénaire qui trimballe dans sa calebasse tout l’héritage musical du monde arabe et islamique, Anouar Brahem est un phénomène, un véritable concentré de paradoxes féconds; un classique suprêmement subversif ; un solitaire résolument ouvert sur le monde ; un « passeur de cultures  » d’autant plus enclin à s’aventurer aux limites les plus extrêmes de lui-même, qu’il entend bien ne jamais céder d’un pouce sur des exigences esthétiques forgées au fil du temps sur un profond respect de la tradition.
Et c’est sans doute parce qu’il a su reconnaître d’emblée cette complexité qui le fonde comme une force, parce qu’il a toujours cherché à faire de ce fourmillement d’influences et de passions disparates la matière même de son travail et de sa création, qu’Anouar Brahem s’affirme aujourd’hui comme l’un des rares compositeurs et improvisateurs capables d’inventer une musique à la fois totalement ancrée dans une culture ancestrale hautement sophistiquée et éminemment contemporaine dans son ambition universaliste.
Qu’il fasse ainsi résonner la poésie envoûtante de son oud dans les contextes les plus variés, du jazz dans tous ses états (des musiciens aussi prestigieux que John Surman, Dave Holland ou Jan Garbarek ont succombé aux charmes de ses mélopées) aux différentes traditions musicales orientales et méditerranéennes (de sa Tunisie natale aux horizons lointains de l’Inde ou de l’Iran), sa musique tendre et rigoureuse ne cesse de redéfinir un univers poétique et culturel savamment composite, oscillant sans cesse entre pudeur et sensualité, nostalgie et recueillement.
Stéphane Ollivier

Né en 1957 à Halfaouine au coeur de la médina de Tunis, Anouar Brahem étudie le oud dès l’âge de 10 ans au conservatoire de Tunis et approfondit sa formation auprès du grand maitre Ali Sriti.

Dans un environnement musical arabe largement dominé par la chanson de variété et les orchestres pléthoriques où le oud occupe une place d’accompagnement, il affirme déjà une personnalité multiple en se donnant comme mission de restaurer le oud en tant qu’instrument soliste, emblématique de la musique arabe, tout en rompant avec la tradition dans son travail de composition intégrant des éléments de jazz ainsi que d’autres traditions musicales orientales et méditerranéennes.

En 1981, il s’installe pour quatre ans à Paris, période pendant laquelle il collabore avec Maurice Béjart et compose de nombreuses œuvres originales, notamment pour le cinéma et le théâtre tunisien.

Entre 1985 et 1990, de retour en Tunisie, il poursuit son travail de composition et par de nombreux concerts, acquiert dans son pays une authentique notoriété publique.

En 1989, il rencontre le producteur Manfred Eicher qui lui propose d’enregistrer son premier disque pour son très prestigieux label ECM. « Barzakh » marque le début d’une collaboration particulièrement féconde qui en l’espace d’une vingtaine d’année verra Anouar Brahem s’entourer des musiciens les plus talentueux tous genres et cultures confondus (Barbarose Erköse, Jan Garbarek, Dave Holland, John Surman, Richard Galliano… ) et signer pas moins de 9 albums, tous consacrés par le public et la critique internationale : « Conte de L’ Incroyable Amour » (1991), « Madar » (1994), « Khomsa » (1995), « Thimar » (1998), « Astrakan Café » (2000) « Le Pas Du Chat Noir », « Le Voyage De Sahar » (2006), « The Astounding Eyes Of Rita » (2009).

En 2006, il concrétise son amour du cinéma en réalisant et coproduisant son premier film documentaire « Mots d’après la guerre », tourné au Liban au lendemain de la guerre qui opposa Israël et le Hezbollah. Le film sera sélectionné au festival de cinéma de Locarno.

En 2010 il est nommé membre du jury de la sélection officielle des longs métrages des Journées cinématographiques de Carthage.

Considéré dans son pays comme l’instrumentiste et compositeur le plus innovant de ces dernières années, Anouar Brahem jouit d’une estime considérable auprès des jeunes compositeurs et joueurs de oud tunisiens, et s’affirme plus que jamais comme une figure parmi les plus influentes dans le champ de la musique arabe contemporaine et même au delà. En 2012, au lendemain de la révolution tunisienne, il s’est vu nommer membre à vie de l’Académie Tunisienne des Sciences des Arts et des Lettres.

En 2014, après cinq années de silence phonographique, Il fait paraître chez ECM avec « Souvenance » un ambitieux double album qui sonne à la fois comme la somptueuse synthèse esthétique de 15 années d’expérimentation en quête d’un authentique « terrain d’entente » entre Orient et Occident, et une réponse décalée, personnelle et méditative aux événements survenus début 2011 en Tunisie.

Anouar Brahem a obtenu au cours de sa carrière plusieurs prix et décorations: le Prix national de la musique (Tunisie, 1985) ; l’Edison Award pour son album « le voyage de Sahar » (Hollande, 2006) ; l’ Echo Jazz du “Meilleur Musicien international de l’Année » (Allemagne, 2010) pour son album « The astounding eyes of Rita ». Il a par ailleurs été nommé au grade de Chevalier des Arts et des Lettres (France, 2009).

Aujourd’hui, Il se produit régulièrement sur les scènes les plus prestigieuses du monde.

Site officiel de l’artiste : www.anouarbrahem.com

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