Marguerite Burnat-Provins

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Marguerite Burnat-Provins est née à Arras en 1872 et meurt à Grasse en 1952. D’une famille aisée, elle accomplit des études artistiques à Paris avant d’épouser, en 1896, un architecte de Vevey, Adolphe Burnat. C’est le début d’un séjour de quelques douze années en Suisse romande pendant lesquelles elle peint et écrit. En 1905, elle crée la Ligue pour la beauté, futur Heimatschutz, aujourd’hui Patrimoine suisse.

Son mariage avec Adolphe est rompu en 1908, événement à l’origine de son départ définitif de la Suisse. Remariée à Paul de Kalbermatten, ingénieur valaisan, pour qui elle a écrit, en 1907, Le Livre pour toi, cent poèmes en prose d’une grande beauté, elle connaît bien des demeures éphémères, et goûte aux splendeurs de l’Orient (Syrie, Liban) et de l’Afrique du Nord, en particulier du Maroc, qui sera un temps son pays d’élection et animera ses rêveries exotiques. Puis elle se retire au Clos des Pins, à Grasse, où elle passe ses dernières années.

Son oeuvre d’écrivain est forte d’une vingtaine de volumes de proses poétiques, tandis que son oeuvre de peintre comporte des tableaux de la vie rurale proches de ceux de l’école de Savièse en Valais (elle était une intime d’Ernest Biéler), des compositions décoratives et, à partir de 1914, près de trois mille dessins étranges nés d’hallucinations récurrentes.

Laisse-moi crier

Laisse-moi crier : Encore ! Encore !
Je ne suis pas la sœur de ces femmes aux yeux glacés
Qui se taisent.
Je tends mes mains impérieuses pour tordre et pour broyer,
La bouche vorace pour goûter aux essences enivrantes…

Je darde mes prunelles volontaires sur la vie, sur l’amour et,
Sur toi, je jette mon désir comme le pêcheur, dans la rivière,
Lance le circulaire épervier.
Jamais je ne serai rassasiée de ta chair lumineuse.
Ne me dis rien. Etends les bras.
Laisse-moi crier.

Je dirai l’emprise de tes mains longues
Qui font à ma taille une ceinture frémissante,
Je dirai ton regard volontaire
Qui anéantit ma pensée,
Ta poitrine battante soudée à ma poitrine
Et tes jambes aussi fermes que le tronc de l’érable
Où les miennes s’enroulent,
Comme les jeux onduleux des houblons …